LIÈPVRE.

C'est le plus ancien village de la vallée. Il a été fondé suite à la création d'un monastère par l'abbé Fulrad au VIIIème siècle. Il s'appelait alors Fulradocella puis Lepraha avant de devenir Lièpvre à la fin du XVIème siècle. Le bourg était alors entouré de murs, ce qui lui conférait les droits d'une ville, notamment celui de tenir marché. Depuis 950 la cité était placée sous la souveraineté de la Maison de Lorraine. Les Hattstatt y installent un intendant en 1444. Un an après, le mur d'enceinte est rasé par les représentants des états alsaciens parce qu'elle avait ouvert ses portes, sous la menace, aux Armagnacs. En 1592 la commune est dévastée par le marquis de Durlach en froid avec les Ducs de Lorraine. En 1633 ce sont les Suédois qui mettent le feu à soixante-dix habitations. Après la mort du roi Stanislas Leszcynski, Roi de Pologne et duc de Lorraine, le Val de Lièpvre devient un fief de Louis XV gendre du défunt. La date de la disparition du prieuré est quant à elle assez floue. Il est néanmoins certain que le dernier prieur a quitté Lièpvre en 1502.

L'ÉGLISE DE L'ASSOMPTI0N (1752)

La première église de Lièpvre, abstraction faite de celle du prieuré, a été édifiée au XIème   ou XIIème siècle. Elle servait aux communautés de Lièpvre, l'allemand Rombach et probablement à celle de La Vancelle. Son implantation est très certainement restée la même. La base de l'actuel clocher pourrait dater de cette époque.

A l'intérieur, au premier étage, on distingue de grandes ouvertures maçonnées qui abritaient des fenêtres géminées comme tant de clochers romans d'Alsace en sont encore pourvus.

Une nouvelle église est construite au XVIème siècle. Elle est placée sous le double vocable de St-Cucufat et de la Vierge Marie. La tour est rehaussée puis coiffée d'une flèche. Il est très probable que la tour servait de refuge et de lieu de défense, tel le donjon d'un château féodal.

En 1745 l'église est jugée trop petite et vétuste pour accueillir les paroissiens. En 1752 elle est donc entièrement remaniée. Le chœur est désormais orienté à l'ouest, l'abside est supprimée pour permettre l'installation du portail. En 1754, c'est le mobilier qui est entièrement renouvelé. Le tableau de la sainte famille, les autels latéraux, la chaire et les confessionnaux sont de cette époque.

La grande cloche de l'église de Lièpvre porte la date de 1542. Une légende raconte que, cachée dans un pré près de Lièpvre lors de la guerre de Trente ans, pour la soustraire à la cupidité des soldats suédois qui ravagèrent la vallée dans les années 1635 et 1636, elle fut retrouvée et déterrée plus d'un siècle après et montée sur le clocher de l'église paroissiale, l'église du couvent n'existant plus. On y remarque deux médaillons dont l'un représente saint Georges terrassant le dragon et l'autre la sainte Vierge avec l'enfant Jésus, accompagnés d'anges jouant de divers instruments. Sur la cloche on lit les inscriptions suivantes: 0 sancta Maria et sancte Cucufate martir orate pro nobis ; et plus bas. Marie suis nommée, en l'honneur de Dieu et de la vierge Marie fut faict.

Les fonts baptismaux sont remarquables. Le bassin en pierres présente la forme d'un calice dont la partie supérieure est taillée en octogone. Le support comporte sur quatre faces des sculptures rappelant l'apocalypse de St Jean. La pierre de base est ornée de figures symboliques.  

En reconnaissante à son fondateur, on inaugura en octobre 1911 un superbe vitrail, sorti des ateliers des frères Ott à Strasbourg, avec l’effigie de St Fulrade, représenté comme abbé mitré tenant la crosse en main et une charte avec les mots : «Deo mea cuncta Deo hic». (Je donne ici tous mes biens à Dieu).

La fresque au plafond représente l'assomption de la Vierge. Les tableaux du chemin de la Croix sont d'une dimension rare. 

La pierre tombale des Eckerich est visible à l'extérieur. Le dernier des seigneurs d'Eckerich étant mort en 1381, cette pierre doit remonter au quatorzième siècle et avoir au moins cinq cents ans d'existence. Elle porte l'inscription : Hie liegend die von Eckeric und ruwend in Gottes Friden. (Ici sont enterrés ceux d'Eckerich et reposent dans la paix de Dieu). Cette pierre tombale a servi de table d'autel jusqu'en 1842.

A gauche, en sortant de l'église, dans le coin du cimetière on peut admirer le charme discret de l'ossuaire. Ce bâtiment aussi serait une relique du XIème - XIIème siècle.

St-Alexandre : c'est le patron des charbonniers et des laboureurs. Il est invoqué pour éloigner les moustiques et pour les gens blessés à la tête.

LA CHAPELLE DE MUSLOCH ( 1904 ).

Elle est placée sous la protection de Notre Dame du Sacré-Coeur. Ce sanctuaire situé en face de l'ancienne école dispose même d'une cave. Il aurait en effet été construit sur l'emplacement d'une ancienne maison victime d'un incendie en 1903. Celle-ci aurait même servie d'auberge pendant la Révolution.

Sainte-Croix-aux-Mines

L'ÉGLISE SAINT-NICOLAS (1825).

De l'église précédente, construite en 1762, il ne subsiste que la tour et l'orgue qui est aujourd'hui encore en service dans l'église St-Louis à Sainte-Marie-aux-Mines. L'orgue en service actuellement est un Callinet. La nouvelle église a coûté 110.000 F. Pour son édification, la commune avait fourni cent-vingt-cinq sapins. Pourtant peu de temps après sa construction, l'aile droite s'est effondrée provoquant la mort de trois ouvriers. Lors des travaux, les ouvriers ont trouvé en plein chœur un squelette couvert d'un magnifique manteau de velours cramoisi, portant les armoiries de la famille Zuckmantel. Du XIIIème au XVIIème siècle cette grande et noble famille alsacienne avait en effet un château-fort juste en face de l'actuelle église. En 1585 les Zuckmantel remplacent les Hattstatt comme sous-avoués des ducs de Lorraine.

Dans le chœur, un beau tableau représente St-Nicolas enseignant à la jeunesse.

St-Nicolas : Il est avant tout le protecteur des enfants, le patron des écoliers et de la Lorraine.

LA CHAPELLE ST-ANTOINE AU PETIT ROMBACH.

La chapelle originelle a été construite aux XIIIème - XIVème siècles. Elle a été détruite lors de la guerre de cent ans. L’édifice actuel est du début du siècle et appartient à des propriétaires laïques. Elle a été transformée sous le règne de Louis XV. Dans les années 1920 elle a été rallongée par l'ajout d'une sacristie. Le cadran solaire date de la même période. Deux volets du retable proviennent de la chapelle du château d'Echery qui a été mis à sac en 1636. Le calvaire est de 1865.

Légende : en 1636, avant de s'enfuir pour éviter le contact avec les redoutables Suédois, les habitants de la vallée ont soigneusement caché les cloches de leurs églises et chapelles. C'est ainsi que la cloche de notre chapelle a été enterrée dans le pré attenant. Malheureusement aucun des citoyens du Petit-Rombach n'est revenu au pays. Mais la vallée a été repeuplée dès la seconde moitié du XVIIème siècle. Les nouveaux habitants du Petit-Rombach ont ainsi pu assister à un curieux spectacle. Un taureau qui se promenait près de la chapelle s'est soudainement acharné contre le sol comme s'il voulait déterrer quelque chose. Les villageois, curieux, ont aidé le taureau. C'est ainsi que la chapelle Saint Antoine du Petit-Rombach a retrouvé sa cloche.

St Antoine : ses attributs sont le feu, la croix égyptienne, le porc et la clochette. Il est le patron des charcutiers. Les pèlerins l'implorent pour la guérison des maladies de la peau et des animaux malades. Il est aussi invoqué pour retrouver des objets perdus.

A proximité : Ruine du château d'Echery. Il a été construit au XIème siècle par les Ducs de Lorraine. Au début du XIIIème siècle il est donné en fief à la famille Ekerich-Waffler. A l'extinction de la dynastie des Eckerich en 1381, la moitié du château passe aux Ribeaupierre l'autre moitié aux sires de Hattstatt. Aujourd'hui, seuls des restes du bastion d'entrée et de l'ancienne chapelle sont encore visibles.

 

LA CHAPELLE DU GRAND ROMBACH (1859).

La chapelle du Grand-Rombach a été construite sous l'impulsion du curé TULON et grâce à des souscriptions particulières. Elle est dédiée à Notre Dame du Bon-Secours . Le clocher a été refait en 1936. Un remarquable calvaire de 1838 se trouve tout près de la chapelle.

LA CHAPELLE NOTRE DAME DES SEPT DOULEURS.

Sur les hauteurs du Grand Rombach, non loin du Creux-Chêne se trouve la chapelle de la Vierge des Bois de la Goutte du Prince (XVIIIème siècle)  appelée aussi Notre Dame des Sept Douleurs. Elle est située sur un rocher escarpé au milieu d'une épaisse forêt de sapins.

LA CHAPELLE  DE LA HAJUS.

Sur les hauteur de la Sobach se trouve la chapelle de la Hajus (1957), dédiée à Notre Dame des Champs, à 400 m d'altitude.

 

 

ROMBACH-LE-FRANC.

Fondé quelques années à peine après Lièpvre, Rombach faisait partie des biens du couvent de Fulrade. Au XIIème siècle le couvent Ste Foy de Sélestat possède également des biens dans la localité. Son nom était alors l'almend Rombach. Ce sont des erreurs de transcription et d'interprétation, nombreuses pendant la Renaissance, qui ont donné vie à L’Allemand Rombach. En décembre 1918, pour marquer son retour à la France, L’Allemand Rombach devient Rombach-le-Franc lors de la première séance d'après guerre du conseil municipal. Au cours de la dernière guerre mondiale, la commune devient un village de passeurs de prisonniers de guerre français. A ce titre, il est titulaire de la croix de guerre 1939-1945.

L’EGLISE STE-ROSALIE (1805).

A cet endroit, les bénédictins du prieuré de Lièpvre avaient déjà édifié une petite chapelle dédiée à Ste Rosalie (XIIIème siècle). Elle était située près d'une source, appelée fontaine Ste-Rosalie, dont l'eau miraculeuse guérissait certaines maladies et avait même protégé le village de la peste. Pour assister à la messe, les Rombéchats devaient se rendre à Lièpvre. Ce n’est qu'en 1746 que le curé de Lièpvre et Rombach eût l'ordre "de se transporter ou d'envoyer un vicaire à l'église ou chapelle du dit Rombach pour y célébrer la Ste-Messe, prêcher, prôner, catéchiser, entendre les confessions, etc... tous les dimanches et fêtes de l'année, à l'exception néanmoins des fêtes de Pâques, de la Pentecôte, de la Fête-Dieu, de la Toussaint, de Noël et du jour du patron de l'église de Lièpvre..." En guise de dédommagement, chaque année, lors de la fête patronale de Lièpvre le 15 août, deux personnalités de Rombach-le-Franc devaient apporter deux cierges d'une demi-livre (250g) à l'église de Lièpvre.

La chapelle étant bien trop petite et vétuste pour accueillir tous les paroissiens du village, une première église a été construite sur le même emplacement de 1756 à 1786. Celle-ci aura la vie très courte puisqu'elle sera détruite avec quarante-trois maisons d'habitations par un incendie le 22 août 1801.

La deuxième église sera construite en 1805. Elle bénéficie de la protection de deux patrons secondaires ; les martyrs St-Blaise et St-Quirin. St-Blaise est fêté le 3 février, jour de la cérémonie de la bénédiction des cous. Il doit protéger les paroissiens des angines, des maux de gorges et de toutes les maladies qui peuvent affecter cette région. Sur l'autel de St-Blaise, vous pouvez d'ailleurs voir le Saint bénissant des cous. Aujourd'hui encore, tous les ans au début du mois de février, les paroissiens viennent placer leur tête entre deux cierges croisés pour la bénédiction.

Ste-Rosalie : Rosalie est née à Palerme en Sicile en 1140. Elle quitte le domicile parental en douce à l'âge de 14 ans pour vivre en ermite dans une caverne du mont Pellegrino. C'est là qu'elle périra seize années plus tard. Elle est aussi la protectrice des villes de Naples, Nice et Palerme.

St-Blaise : Il est évoqué contre les maux de gorges et plus particulièrement par les gens qui s'étranglent en mangeant. Il est le patron des éleveurs de porcs, des drapiers et des tailleurs de pierre.

CHAPELLE NOTRE DAME DU BON SECOURS (1852).

Nous avons relevé dans les archives de la paroisse l'inscription suivante : Le 16 août 1852, bénédiction d'une chapelle que M. Jean Baptiste Humbert, tailleur, a fait bâtir sur son jardin. Cette chapelle est dédiée à Notre Dame du Bon Secours". Elle présente un tableau de la Vierge protégeant la ville.

En 1994, lorsqu'un voisin, M. Leromain, a souhaité vendre sa parcelle de terrain, il a apprit tout étonné qu'il était propriétaire de la chapelle. Il l'a alors cédé au franc symbolique à la commune.

LA CHAPELLE DE LA HINGRIE (1912).

Ce hameau, qui tire son nom de l'invasion des Hongrois au Xème siècle, était jadis très peuplé. Jusqu'à 60 enfants fréquentaient son école. Mais pour aller à l'église, la population locale devait se déplacer à Lièpvre jusqu'en 1786, puis jusqu'à l'église Ste-Rosalie distante de 3,5 km.

En 1855 le curé doyen de Sainte-Marie-aux-Mines fait un geste en offrant aux habitants de La Hingrie une statue de la Mère Douloureuse destinée à la future chapelle. C'était compter sans la réticence des Rombéchats qui trouvaient cette construction inutile et bien trop chère pour les finances de la localité. Mais les habitants de La Hingrie n'ont jamais baissé les bras. Voilà ce que leur porte-parole écrit dans le Messager des Vosges, le journal local, le 30 mai 1895:

"Monsieur le Rédacteur,

Votre numéro du 22 courant contient, sous la rubrique Deutsch-Rumbach, un article dans lequel un monsieur quelconque proteste contre le projet de construire une église à la Hingrie. Voici notre réponse : Que diraient ce monsieur et les autres gens de L'Allemand-Rombach si, à partir de dimanche, ils fussent obligés d'aller à la messe, aux vêpres et au chapelet à La Hingrie; s'ils fussent obligés d'y faire baptiser leurs enfants, enterrer leurs morts et marier leurs garçons et leurs filles ! On en entendrait des belles !

Dès lors, pourquoi trouver mauvais que les gens de La Hingrie, éloignés de quatre kilomètres de la commune, songent enfin à avoir leur église et leur curé, quand ce ne serait qu'un vicaire-résidant, afin de réduire les dépenses !

Cette dernière dépense même ne serait pas de rigueur. Les prêtres sont des gens de dévouement et de sacrifices, et le vicaire de l’Allemand-Rombach, quel qu'il fût, se ferait un bonheur, une fois l'église construite, d'aller faire le service là-bas, aussi bien par les belles journées de mai, accompagné de toutes les symphonies dont la nature est en ce moment si prodigue, que par trois pieds de neige.

Il y a assez longtemps, je crois, que les pauvres gens de La Hingrie usent leurs talons de bottes, leur santé, leur temps et leur argent à descendre, car vous ne voudriez pas qu'ils s'en retournent, après un trajet, non sans fatigue, sans en distiller une, voire même sans emporter une petite culotte : ils n'ont que çà de bonheur sous la calotte du bleu ciel. Si donc monsieur, vous avez du cœur, si, à votre tour, vous voulez devenir le bien-venu des gens de La Hingrie, ne contrariez point leur projet qui n'a rien que de raisonnable et d'équitable. Au contraire, aidez-les de votre argent et de votre influence, et vous serez trois fois béni de cette excellente population.

Quant au chemin en question, qui n'est qu'un chemin vicinal, il n'est pas si détestable que vous voulez bien le dire, et jusqu'à ce jour, une seule plainte a été élevée à ce sujet : celle qui est sortie de la plume de votre correspondant.        

Joseph TISSERAND Parlant au nom de tous "

 

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